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Sentir



Je sens donc je suis”. Brigitte Bontemps (2004)


Afin de s’assurer de notre existence, notre cher Descartes nous a appris que le fait de penser prouve que l’on existe : “je pense donc je suis”. Cependant, revenons plutôt à la sensation même d’exister ici et maintenant : est-ce que notre existence n’est pas plutôt démontrée d’abord par nos sens ?


Ce que l’on a oublié


Le fait même de sentir vient avant de mettre un mot sur la sensation. Rappelons que les sens sont formés avant même la naissance. Nos sens sont notre premier contact avec l’extérieur, raison pour laquelle les nourrissons pleurent afin d’exprimer leurs besoins, que les enfants miment et utilisent des onomatopées afin d’échanger sur ce qui se passe en eux.

On notera par ailleurs qu’il est très facile pour un enfant d’apprendre et de communiquer à travers la langue des signes. L’usage du corps, en parlant avec les mains, demeure très instinctif et particulièrement lié au langage verbal.

Au fur et à mesure de notre éducation, on délaisse le fait d’apprendre à repérer nos sensations à la faveur de l’apprentissage de connaissances. Désormais on sait ce que l’on pense, mais on ne sait plus ce que l’on sent.


Les premiers pas


Sentir c’est prêter écoute à notre corps. C’est repérer grâce à notre système sensoriel, similaire à une carte corporelle, une liste de sensations quotidiennes et naturelles : d’abord avec le toucher, en constatant la température de notre peau, sa texture, son élasticité, l’épaisseur de nos muscles. Ensuite notre respiration, son trajet régulier, cyclique et immuable de l’intérieur vers l’extérieur, les battements du cœur, la sensation de sa fréquence. Puis finalement la mise en mouvement de nos muscles, nos articulations, visualiser les yeux fermés ce dont ils sont capables.

Ces petits exercices permettent de se rendre compte de nos capacités, de nos limites, de nos facilités, de nos douleurs.

Sentir c’est se découvrir à nouveau, sous le jour de l’écoute de soi par l’attention portée à notre corps.


Porter attention à la souplesse et à la tension musculaire, à la rigidité et à l’aisance articulaire, c’est lire ce qu’est notre corps sans avoir besoin d’y mettre des mots pour le faire et de les tenir pour vraies, sans les minimiser. Ceci est ce que l’on pourrait appeler la méthode thérapeutique Gestalt, dans le sens d’une conscientisation corporelle en mouvement.


Vers une réappropriation corporelle et faire face au monde


Le manque d’attention et de crédit tourné en direction de nos sensations mène l’être humain vers toujours plus de souffrance. Craindre de se tourner vers soi dans une société autocentrée sur la perfection de l’image, voilà qui est ironique.


Sentir c’est découvrir notre agentivité potentielle. Afin d’appréhender toute perception en ce monde il est nécessaire de revenir au “ sentir”, disait Merleau-Ponty dans Phénoménologie de la perception. Le sentir possède une signification motrice, vitale et originelle, c’est un appel fondamentalement sollicitant.

On vit le sentir. S’efforcer à le faire naitre c’et s’efforcer à nous faire vivre, à se positionner à la fois comme celui qui voit et qui est visible, comme touchant et touché, c’est prendre conscience de notre enveloppe externe et interne qui est toujours en mouvement.

 
 
 

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