Cultiver
- mathildebernardin1
- 19 déc. 2024
- 3 min de lecture

Nos habitudes bâtissent notre quotidien. La répétition d’actes intentionnels forge ces habitudes afin de tendre vers leur spontanéité.
Nous ne cultivons que du bien, mais est-ce le bon ?
Soit, nous voulons et tendons naturellement vers ce qui est bon pour nous (Kant), soit c’est par ce que cette chose est bonne que nous la désirons (Spinoza), tel est la question d’un débat philosophique de longue date. Qu’importe la manière dont nous prenons le problème, nous avons un rapport qui semble intrinsèque au Bien. De fait, la seule chose dont nous ne soyons libres c’est cette direction morale tournée vers le Bien.
On pourrait l’objecter qu’il y a des personnes qui font de mauvaises choses, vis-à-vis d’elles et des autres, mais Socrate expliquerait que c’est par ce qu’elles désirent mal le bien. En somme, elles sont dans l’erreur concernant le moyen d’accomplir leurs désirs. Les personnes agissent toujours dans leur intérêt, dans leur conception du bien qui est celui d’atteindre tel ou tel désir, bien qu’il ne soit pas celui qui les fera tendre vers l’épanouissement. C’est la thèse de Platon dans le Ménon.
Même lorsque l'on sait que l'on agit de la mauvaise manière, on agira tout de même car il y a un moindre bien, un grisement à choisir la facilité. Etablir un ratio entre peu d’actions faciles et immédiatement profitables et beaucoup d’actions difficiles profitable sur le long terme permettraient de distinguer ce qui est vraiment bon pour soi, tout en restant flexible. La notion d’équilibre est à prendre en compte ici. En effet, bien choisir, c’est savoir se tempérer, trouver le “ juste-milieu” selon Aristote dans Ethique à Nicomaque, car l’être humain a tendance à se tourner vers les excès. Si on accepte ces excès cathartiques de manière occasionnelle, la pression du perfectionnisme peut être évité.
Ainsi, cultiver, c'est cultiver le bien, quelle que soit sa nature, cependant si on choisit à raison ce que l'on souhaite cultiver, notre jardin a davantage de chances d'être fertile et coloré, plutôt qu’être aride et gris. Nous sommes de ce fait, d’autant plus libres que nous parvenons à distinguer ce qu’est le meilleur dans les choix qui s’offrent à nous.
Se commander soi-même c’est cultiver notre responsabilité
Si on se soumet à ce qui n’est pas en notre pouvoir on se rend esclave de quelque chose qui ne dépend pas de nous. L’homme est pleinement libre lorsqu’il veut ce qu’il peut vouloir, voilà la thèse stoïcienne. Le choix le plus libre serait alors ce qu’en dit Bergson, la plus personnelle, originale et intelligente possible en fonction de la situation donnée. C’est en cultivant ce type de méthode, que l’on peut s’assurer d’une bonne récolte. Nous cultivons alors en but de tendre vers le “ souverain bien”, que l’on peut qualifier de supérieur à tous les autres. C’est à la fois la figure ultime du bien en soi mais surtout la figure du bien pour moi-même. Ainsi, ici cultiver le Bien c’est cultiver les mouvements dont notre corps a besoin pour s’épanouir. De fait, nous pouvons vivre pleinement notre liberté qui est en notre pouvoir à travers cette responsabilité corporelle.
L’éternel retour comme fondement de l’action
Un point d’attache lorsque l’on est confronté à un choix, donc à savoir ce que l’on veut, c’est de se demander si nous agirions de la même manière si c’était à refaire éternellement nous indique Nietzsche dans le Gai savoir, repris par un de ces commentateurs, Wolting : “mène ta vie en sorte que tu puisses souhaiter qu’elle se répète éternellement.”
C’est une phrase test didactique permettant de savoir quel sera le poids de nos actes dans la balance entre engendrement de regrets ou de plaisirs et ce dans une perspective de long terme. Penser au-delà du lendemain nous donne la garantit qu’un travail profond à l’occasion de se mettre en marche. A présent, ce qu’il reste à faire, c’est le premier pas d’une longue répétition d’habitudes saines pour notre corps et notre esprit.
Investir son temps et son engagement dans l’expérience quotidienne de mouvements vertueux, c’est garantir les prémisses de notre développement et donc d’avoir les outils adéquats à notre guérison.
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